Giacinto Scelsi (1905-1988) a commencé à fréquenter le monde de l'art, de la musique et de la littérature dans les années 1920 - au cours de ses fréquents voyages à l'étranger - en nouant des amitiés qui lui ont fait connaître les mouvements culturels internationaux de l'époque.
Dans les années 1930, il s'intéresse aux langages et aux techniques de composition tels que la dodécaphonie, les théories de Skrjabin et Steiner. En 1930, il complète la composition pour orchestre Rotativa (Paris, Salle Pleyel 1931 sous la direction de Pierre Monteux), œuvre qui le révèle au monde musical international.
Il a passé la Seconde Guerre mondiale en Suisse, où il a interprété le Trio à cordes (1942) et diverses autres œuvres pour piano ; ce furent des années très troublées, où l'intérêt pour la poésie, les arts visuels, la mystique orientale et l'ésotérisme prévalait. C'est à cette époque qu'il accepte activement les philosophies orientales, les doctrines zen, le yoga et les problèmes de l'inconscient, ce qui se reflète également dans ses expérimentations dans le domaine musical.
Il s’installe ensuite à Rome (où il restera jusqu’à sa mort, survenue le 8 aout 1988) et achève certaines œuvres déjà commencées : le Quatuor à cordes et La naissance du Verbe (tous deux joués à Paris en 1949). L'instrumentation des figures déterminée par le hasard, l'improvisation sur des instruments traditionnels utilisés d'une manière nouvelle, l'utilisation de l'ondiola, (premier instrument - électronique capable de reproduire les quarts et les huitièmes de ton) mais surtout la manière d'improviser dans un état sans conditionnement très proche du vide Zen, marquent ses œuvres les plus significatives.
La méthode de composition de Scelsi était quelque peu originale, en effet, il enregistrait sur une bande magnétique ses improvisations, confiant ensuite la transcription à des collaborateurs qui travaillaient sous sa direction.
L'œuvre s'est ensuite enrichie d'indications détaillées pour l'exécution et d'astuces pour la réalisation de ce son particulier et méticuleusement recherché par Scelsi (sourdines spécialement construites pour les cordes, instruments à cordes traités comme des percussions, filtres sonores pour déformer le son des vents, bases d'enregistrement préexistantes comme piste pour l'exécution).
La méthode d'orchestration est également très originale. Cette dernière qui consistait à synchroniser des instruments similaires déphasés d'un quart de ton, avec des effets de battement imprévisibles.
La révélation de cette nouvelle phase importante commence avec l'exécution de la composition pour orchestre Quattro pezzi su una nota sola (1959) ; la publication de son œuvre théorique et littéraire remonte également à cette période. Dans les années 1980, il commence à publier son impressionnante production musicale aux Editions Salabert à Paris.